La Tablette n°81

ÉDITO

Faiblesse ! Un mot détestable et cependant commun à tout un chacun.

Qui n’a pas connu dans sa vie des moments de faiblesse, voire de sentiments d’impuissance, face à des évènements sur lesquels on n’a aucune prise ?
Les évènements tragiques que nous avons connus m’ont fait prendre conscience de la faiblesse que le handicap révèle dans des situations où il faut réagir et réagir vite. Isolées dans une foule, les personnes handicapées sont d’autant plus en péril que des mouvements désorganisés peuvent s’y produire spontanément.
Tous handicaps confondus, seule la cécité isole de la perception visuelle d’un risque imminent. Vivre sans risque n’existe pas mais vivre sans voir, en vivant comme tout le monde, est un risque permanent.
Être seul au milieu d’une foule c’est être seul au milieu d’une île emplie de bruits difficilement identifiables en raison du nombre de messages perçus ; cependant être visible par les autres, comme identiques à eux, prête à confusion.
Si on oublie souvent, par habitude, sa propre faiblesse, les circonstances actuelles qui demandent vigilance et perspicacité, mettent en évidence ce que le handicap révèle de faiblesse même pour les plus forts d’entre nous.
Se montrer courageux c’est le lot des personnes handicapées qui parfois font l’admiration des personnes valides, mais cela dissimule aussi bien des souffrances silencieuses, cachées par pudeur et respect de l’autre.
Il ne faudrait pas confondre faiblesse et fragilité, on peut être fort bien que fragile, mais cela n’est valable que sur le long terme, pas dans l’urgence qui réclame reflexes vifs et précis.
La protection du plus faible, apanage des sociétés civilisées, est mise à mal quand la survie est en jeu. Ma fragilité, ma faiblesse c’est celle de chaque être humain avec un moins : elle est subie bien que consciente ; et un plus : elle peut être transformée en force par la gestion de stratégies de survie

Dans son livre « La raison du plus faible », le professeur de biologie Jean-Marie Pelt écrit « Le faible galère et accumule les épreuves. La souffrance est sa compagne. Il ne s’y accoutume pas, car elle reste toujours douloureuse ; mais il s’en fait une raison et il l’apprivoise comme une part incontournable de lui-même. Comme le roseau, il plie et c’est aussi ce qui fait sa force ».
Que cela ne nous empêche pas de passer de bonnes fêtes de fin d’année, nous nous retrouverons en 2016, en pleine forme c’est ce que je souhaite à tous, de tout cœur.

Béatrix Alessandrini.

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